Cauchemar

C’était sans doute avec l’un de mes enfants. En tout cas quelqu’un que j’aime, à qui je tiens. Nous nous baladions dans les endroits que je voulais montrer, ceux de mon passé, ou ce qu’il semblait être, le beau, le vivant. Nous marchions dans une rue où les voitures étaient garées sur le flanc. Je me souviens particulièrement d’un véhicule rouge, un beau rouge laqué. Mais une forme plutôt carrée qui situe le modèle plus proche des années 80 que 2000, et puis de toute façon, comme m’en font souvent la remarque mes chéris, il n’y a plus de couleurs dans les voitures, elles sont tristes et aucune ou peu, ne se distingue d’une autre.

Je ne sais pas si c’est fréquent que les voitures soient garées sur le flanc, mais il y avait comme une nécessité spatiale : sur le flanc ça prend moins de place sur la route, et leur hauteur forme une sorte de barrière avec le trottoir. Peut-être avais-je la sensation d’une forme de protection ?

En tout cas, nous marchions, et derrière nous la route s’effondrait.

Nous allions voir une maison, une maison où j’avais vécu, dans un jardin magnifique. Ce genre de jardin où les arbres poussent sans entrave, ne sont pas taillés à la forme des caisses de 38 tonnes, et ressemblent aux arbres des dessins d’enfants, équilibrés, harmonieux, symétriques, où il paraît possible de poser une nappe et un pique nique sous l’ombrage.

Les couleurs du jardin subsistaient. Le vert intense, le bleu pointu, le rouge des fleurs. Pourtant, une ombre menaçante s’approchait de nous, et nous savions, je savais, qu’en vérité, le jardin n’était plus, enfoui sous un amas de souvenirs, ou de gravats.

Il semblerait que le tremblement de terre laisse des traces dans mon inconscient.

Ce rêve, oui, tu t’en doutes, je n’ai pas « vécu » cela, donne un peu l’état d’esprit dans lequel je me trouve.

L’âge qui me rattrape, les nouveaux objectifs à créer, la force à trouver pour recommencer, dans un monde qui s’annonce différent, alors que celui que j’ai connu s’effondre et disparaît.

Comment ne pas ressentir une forme d’angoisse ou de stress dans la vie qui devient la nôtre ? Comment ne pas être triste quand les arbres continuent de rester secs et gris, alors qu’ils devraient commencer à se couvrir d’une légère lumière ? Comment ne pas penser à la mort d’un monde ? À la m.s.ienne ?

L’arbre qui tombe, le genou qui craque, l’humeur qui flanche alors que le ciel se pare d’un gris inutile, ce gris sans pluie qui ne sert à rien qu’à poser un rideau pudique sur un climat défaillant ?

J’en suis là, à deux pas de rien, à devoir utiliser un monte charge pour me sortir du lit le matin, après des nuits épuisantes puisque le monde se défait, et je cherche encore la solution, sans doute une forme d’acceptation du temps qui passe et du monde qui change.

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